ALAIN BRUMONT
Votre parcours…
• Racontez-nous l’histoire de votre domaine
Le Château Bouscassé est le domaine familial, où j’ai grandi. A trente ans, avec le Château Montus que je rachète en ruines, je tente ma chance seul. Je suis un autodidacte et j’ai réfléchi à la meilleure interprétation du terroir. J’ai senti que le Madiran était un lieu où je ferais naitre le futur grand vin du Sud-Ouest. Le défi est aujourd’hui réussi. »
• Être Vigneron a toujours été une vocation pour vous ?
La nature a égrené mon parcours. Mes parents étaient agriculteurs et c’est en grandissant au Château Bouscassé que j’ai appris à sentir le terroir, à le comprendre, à créer… Je suis un vigneron créateur : je suis allé à contre-courant des idées reçues sur le Madiran et sur la viticulture dans la région.
• Quelle est votre « philosophie » de culture ? Et pourquoi ?
Sur 20 kilomètres, je travaille une dizaine de terroirs différents. Depuis plus de 30 ans - parce que j’ai grandi dans la nature, avant que cela devienne une préoccupation actuelle – je veille à préserver l’écosystème de la vigne, sa biodiversité. Je protège chaque parcelle par un bois pour préserver la biodiversité, je contrôle le nombre de grappes, et au pied de chaque cep je conserve la biosphère. Je pense qu’il faut comprendre la terre et savoir revenir à elle, tout simplement. Sentir, respirer, écouter…
• Si vous n’aviez pas été vigneron, quel métier auriez-vous exercé ?
Chef d’orchestre ou cuisinier, car je suis créatif et ai besoin de m’exprimer.
Ou, en bon représentant de ma région, matador !
• Décrivez en quelques mots votre vin ?
Les Châteaux Montus et Bouscassé représentent plus de 90% des grands terroirs de Madiran : une appellation dans l’appellation. Le Château Montus est l’icône et le Château Bouscassé l’émotion…
Le présent…
• Quelles difficultés ou bonnes surprises avez-vous rencontrées cette année ?
Nous battons cette année le record d’affluence dans les Vignobles Brumont. C’est la récompense d’un travail acharné depuis plus de 30 ans, la preuve de notre amour pour la nature et du terroir qui rencontre un écho auprès du public.
• Quelle est votre « patte » de vigneron, votre différenciation ?
Mes vins représentent la biodiversité de la plaine de Bergons. Les 20 kilomètres qui séparent le Château Bouscassé et le Château Montus méritent une protection de tous instants. On retrouve dans mes vins l’équilibre entre les bois, la vigne et la fertilité des sols. Je mets mes vins au service de la première région de produits gastronomiques.
• Décrivez en trois mots votre région/votre appellation ?
La diversité des produits gastronomiques, l’excellence de l’appellation du Madiran qui rivalise avec les plus grandes régions, et la biodiversité qui nous permet de faire de grands vins.
Ces dernières années…
• Quelle est la cuvée dont vous êtes le plus fier ? Ei si vous étiez restaurateur, quel accord proposeriez-vous ?
La Tyre 2003 sur une double côte de Noir de Bigorre.
L'avenir…
• Avez-vous envie de tenter de nouvelles choses ? Nouvelles techniques ? Assemblages ?
Nous sommes souvent sollicités, et cela prouve que nous avons de très grands terroirs. Nous prévoyons donc d’avancer avec ce que la nature nous donne, pour que les Vignobles Brumont continuent à illustrer le Sud-Ouest viticole face aux grandes régions iconiques… Je dois avouer que j’adore les challenges, et c’est quelque chose que je transmets à mon équipe. Pour avancer, il faut savoir se remettre en question, être curieux, se poser les bonne questions. Nous avons planté du Pinot Noir et du Chardonnay dans le Sud-Ouest, et depuis peu, nous testons l’élevage en terre cuite et en gré dans des amphores.
Vos convictions…
• Pour vous, qu’est-ce qu’un grand vin ?
Un grand vin rassemble 6 éléments : un créateur visionnaire, un grand terroir, un grand cépage, une logique de rendement par pied et non par hectare, une sélection rigoureuse de barriques et un élevage de 2 à 3 ans avant la mise en bouteille. Un grand vin, c’est aussi une équipe de passionnés qui travaille pour obtenir une harmonie totale.
• Quel vin du Sud-Ouest vous a donné vos plus belles émotions de dégustation ?
Un Jurançon 1966 : Clos de la Vierge chez Anne-Marie Barrère d’une transversalité aromatique sans précédent, vinifié par son père Alfred..
• Implantés dans le Gers, nous sommes tous supporters d'une équipe sportive, et vous, quelle est la vôtre ?
Je suis un grand fan de rugby : je soutiens les équipes très mobiles qui imposent du jeu. On supporte le Stade Toulousain ou Clermont Ferrand parce qu’Anthony Cotter, avant d’être entraineur, a fait un stage de viti-vinification chez nous. Je supporte aussi l’équipe locale de Castelnau Rivière-Basse.